Routine et pensée binaire

« La réalité est ce que nous tenons pour vrai.
Ce que nous tenons pour vrai est ce que nous croyons.
Ce que nous croyons prend appui sur nos perceptions.
Ce que nous percevons est lié à ce que nous cherchons.
Ce que nous cherchons dépend de ce que nous pensons. »
David Bohm

Quand nous naissons, notre monde se cantonne à un berceau et aux bras de nos parents. Puis petit à petit, notre monde s’élargit, s’agrandit. Une salle de bain, un tapis de jeux, des chambres, un salon, une cuisine… puis une voiture, une école, divers lieux que nous découvrons et apprivoisons, de façon à nous y sentir en sécurité, et même « bien ». Chaque jour, notre monde devient plus vaste, notre conscience s’élargit, s’épanouit.
Et puis un jour, nous nous installons. Nous choisissons notre lieu de vie, qui pourra devenir le lieu dans lequel établir notre famille. Nous avons un travail rémunérateur qui nous permet de vivre dans la société telle qu’elle est organisée aujourd’hui. Et ainsi, notre monde se fige. Nous allons d’un endroit connu à un autre, chaque jour, souvent selon un rythme établi et répétitif.
A cette routine d’organisation de vie, s’ajoute une routine de comportements et de façons de penser. Nous agissons selon de vieux schémas mentaux, dont nous n’avons pas conscience, souvent établis à partir de nos modèles occidentaux ancestraux binaires.
Françoise Kourilsky dans L’accomplissement personnel explique très précisément ce fonctionnement et ses conséquences :
« Ce mode de pensée linéaire et binaire aboutit nécessairement à raisonner de façon dualiste et contradictoire. Dans son acceptation la plus élémentaire, on le retrouve dans le manichéisme des religions, mais aussi dans les débats télévisés, le monde politique (le bipartisme américain, l’alternative droite ou gauche). Il n’est pas question de condamner le mode binaire de pensée : celui-ci a prouvé sa remarquable efficacité à résoudre des problèmes matériels et techniques, et il a fait l’essor industriel et la gloire de l’informatique. Il faut simplement reconnaître ses limites, soit son inefficacité et sa contre-productivité pour résoudre les problèmes humains, qui sont toujours de nature systémique et interactionnelle. (…) Avec sa prétention de clarté et de rigueur apparente, la pensée binaire et linéaire a abouti à des techniques de management humain un peu simplistes et débilitantes. Le mode de pensée binaire conduit à essentiellement raisonner en terme de dualité, de combat, d’alternative et de rapport de force.
Il mène aussi au dilemme qui entrave la prise de décision. »

Ainsi dans les années 50 à 70, de nombreux courants, dans différents champs d’application sont allés re-visiter notre système de pensée traditionnel, logique et rationnel, linéaire, mis en échec notamment dans les domaines de la psychanalyse et de l’utilisation de la pensée rationnelle pour résoudre certains problèmes.
Ainsi, avec l’école de Palo Alto* la pensée quitte le domaine de la chaine causale classique linéaire, c’est à dire le concept de causalité unidirectionnelle : l’événement A affecte l’événement B et il est possible de tracer linéairement la manière dont le passé vient affecter le présent et l’avenir. Les réflexions qui viennent nourrir les travaux de l’école de Palo Alto s’appuient sur des théories mathématiques et physiques (la théorie des groupes, la théorie des types logiques, les lois de la thermodynamique et la théorie de la cybernétique). La causalité devient circulaire et systémique ayant comme élément central l’information. Ainsi, l’école de Palo Alto va s’atteler à aller chercher les troubles de la communication, ici et maintenant.

« Le changement consiste à abandonner la vision mécaniste-causale des phénomènes qui a dominé la science jusqu’à présent »**

Nous approfondirons notre réflexion dans les articles à venir « Think different » et irons visiter les bénéfices que nous avons à ouvrir notre champ de perception et à changer notre façon d’appréhender le monde. Puis nous verrons comment y parvenir et avec quels outils. Pour se faire, nous nous appuierons sur les travaux de l’école de Palo Alto et la recherche que j’ai menée dans le cadre de mon mémoire pour la certification de coach professionnel (Linkup Coaching), ainsi que sur le livre de Françoise Kourilsky L’accomplissement personnel.

* L’école de Palo Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto en Californie, à partir du début des années 1950. On le cite en psychologie et psycho-sociologie ainsi qu’en sciences de l’information et de la communication en rapport avec les concepts de la cybernétique. Ce courant est notamment à l’origine de la thérapie familiale et de la thérapie brève. L’école a été fondée par Gregory Bateson avec le concours de Donald D. Jackson, John Weakland, Jay Haley, Richard Fisch, William Fry et Paul Watzlawick.

**Paradoxe et contre-paradoxeUn nouveau mode thérapeutique face aux familles à transaction schizophrénique – SELVINI PALAZZOLI M. – BOSCOLO L. – CECCHINI G. – PRATA G

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