Notre quotidien est plus que rythmé, nos semaines sont orchestrées de main de maître de façon à ce qu’il n’y ait pas de place pour l’inattendu, le non-planifié, le non-conventionnel, quant à nos années, elles s’écoulent et se ressemblent, pareillement chargées et cycliquement à l’identique renouvelées (boulot et vacances, éventuellement périodes scolaires).
Dans ce rythme mécanique et infernal, où tout est convention et habitude, nous nous transformons en machines efficaces et bien réglées, réglées au plus juste, nous nous transformons en automates coupés du sens profond de la vie, coupés de nos sens et de notre sens critique, de notre centre et de ce qui nous reste d’humanité, perdant la juste mesure des choses et des valeurs, aveugles, amorphes, amoraux.
Alors cette mise en pause forcée, ce changement de rythme et de vie qui nous est imposé avec le confinement est le moyen le plus sûr de nous obliger à appréhender la vie différemment, à regarder et comprendre le monde avec de nouveaux filtres, à changer notre angle de vue, à changer de lunettes.
Cela fait un peu plus d’un an, j’ai fait des recherches sur la créativité pour écrire mon mémoire de coaching. La créativité fait partie de ce que nous avons de plus humain en nous, et nombre de sociologues et de philosophes la voient comme une de nos dernières chances pour nous sauver de nous-mêmes, pour sauver notre planète et l’humanité.
Carl R. Rogers, en 1954, dans « Toward a Theory of Creativity »
« A moins que l’homme ne trouve une nouvelle façon originale de s’adapter à son environnement, aussi rapidement que la science modifie cet environnement, notre culture périra. Ce n’est pas seulement au prix de l’inadaptation individuelle et des tensions entre groupes que nous payerons notre manque de créativité, mais bien au prix de l’anéantissement international. En conséquence, il me semble que des recherches sur le processus de la créativité, les conditions favorables à son apparition, et les façons dont on peut faciliter ce processus, sont de la plus haute importance. »
Or le meilleur moyen de venir éveiller cette créativité est justement de changer de lunettes, d’envisager les problèmes sous des angles différents. Le plus difficile dans tout cela est de venir provoquer ce changement de point de vue.
Extrait de « FLOW » de Mihaly Csiksgentmihalyi
« Il est plus facile de stimuler la créativité en changeant l’environnement qu’en essayant de faire penser les gens de façon plus créative. »
Et voilà que la vie nous le propose aujourd’hui, un changement de lunettes à l’échelle mondiale !
Certes le prix à payer n’est pas des moindres, mais si nous acceptons de prendre un peu de recul, il nous est peut-être offert ici une de nos dernières chances de prendre du recul et de changer. De ne plus accepter l’inacceptable, de ne plus fermer les yeux sur l’insoutenable, de ne plus rester sourds aux cris stridents qui se font entendre de tous côtés, de ne plus courir en tout sens sans nous occuper de l’essentiel, de ne plus nous abrutir alors que le monde a tant besoin de notre clairvoyance et de notre énergie vive et alerte.
Ce virus qui met en suspens le monde tel qu’il était, et nous oblige à le regarder, est un électrochoc puissant et nous nous devons d’en faire quelque chose, de transformer nos modes de vie et tel le phoenix, renaître de nos cendres.
Nous sommes actuellement dans un de ces moments suspendus, ces entre-deux auxquels on ne prête pas attention, ces lieux de transformation, à l’intérieur desquels tout devient possible. C’est l’espace entre l’inspiration et l’expiration, c’est le regard fixe d’un enfant absorbé dans une rêverie, c’est la transe qui guérit, c’est ce moment où la goutte d’eau est immobile avant la chute, c’est le quai 9 3/4 dans Harry Potter, c’est le chat de Schrödinger tout en même temps mort et vivant en physique quantique, c’est ce lieu dans lequel, si nous nous donnons la peine d’en prendre soin, avec honnêteté et intégrité, tout est possible.
Alors, tous ensemble, relevons ce défi-là, sans faux-semblants ou faux-prétextes, de changer notre monde.
Légende du Phoenix
Le principal pouvoir du phoenix consiste à renaître de ses cendres. Tous les cinq cents ans, il doit régénérer ses forces par le feu. Le Phénix cherche alors un haut sommet, loin et isolé de tout et se fabrique un nid d’épices et d’herbes aromatiques. Il se place dedans et ses plumes prennent feu, embrasant le nid.
Sa combustion dure trois jours et ne laisse qu’un tas de cendres chaudes. De ces restes, jaillit alors un nouveau Phénix. A ce pouvoir, s’ajoute celui de lire dans le cœur des hommes et de déceler tous ceux dont les intentions ne sont pas pures.
L’origine du mythe vient de l’Egypte, plus précisément de la cité d’Héliopolis. A l’époque était vénéré le Benu, un oiseau semblable au héron, associé au dieu solaire Râ. Le Benu fut le premier être à sortir de l’Océan primordial, il se retrouva perché sur le premier morceau de terre, une toute petite île. Le temps se déclencha à son premier cri. Depuis ce jour, le Benu accompagne également les morts dans l’Au-delà jusqu’à Osiris.
C’est au Vème siècle avant JC que le grec Hérodote rapporte, d’Héliopolis, la légende du Benu sous le nom de phénix, qui signifie rouge en grec.